Ma vie est très perturbée actuellement. Peut être parce que je voudrais être bien aux jeux de Dieu. C’est pourquoi j’ai toutes sortes de problèmes dans la vie. Les savants disent que si vous délaissez les mauvaises choses et menez une vie pieuse, vous connaitrez de la part de Dieu la tranquillité et vous vivrez les difficultés. Si vous voulez une vie aisée accompagnée de péché, les savants diront que vous serez donc châtié dans ce monde et connaitrez des difficultés. Il n’y a donc aucune différence puisqu’il y a les difficultés dans les 2 cas ; existe un moyen de traiter avec Dieu afin qu’il me donne la possibilité de choisir la vie que j’ai envie de mener (bonne ou mauvaise). Je ne peux pas supporter et je ne m’imagine pas être capable d’adopter l’attitude et le comportement des infaillibles et je ne suis même pas à mesure de supporter même l’équivalent de la poussière de leurs pieds.
Le prodige, la munificence et la gratification des créatures sont les buts de la création. Ces objectifs n’ont rien de contradictoire avec la présence des créatures maléfiques et les calamités. Car le premièrement le monde dans lequel nous nous trouvons est le monde de la matière dont l’antagonisme et qu’on est l’une des particularités, tout comme l’inégalité qui règne et qu’on désigne par le mal. Deuxièmement, le but principal et l’objectif essentiel de la création des choses qu’on appelle le mal se justifient parce qu’elles revêtent de bien et non par rapport au mal qu’on y voit. Troisièmement, ces éléments considérés comme mauvais ont plusieurs avantages tels que :
1- Dévoiler les beautés de l’univers. Car le beau n’en est un que s’il est comparé au mauvais. On ne saurait distinguer le beau sans l’avoir confronté à quelque chose de mauvais.
2- Le mal a un effet éducateur et contribue à l’édification de l’individu et la société. En d’autres termes, le bien et le mal sont des notions relatives dépendant de la manière que l’homme est confronté aux évènements. On peut bien exploiter quelque chose qui deviendra plutôt une bénédiction pour quelqu’un. Une autre personne qui n’aurait pas bien tiré parti de cette même chose la considérera plutôt comme un malheur.
Dieu a confronté ses saints privilégiés à des situations tragiques car c’est face aux problèmes que l’homme grandit et s’accomplit moralement. A l’issu, Dieu lui accorde beaucoup de récompenses.
La création de la philosophie et de l’homme se trouve dans l’avantage que connaissent les créatures elles-mêmes.[1] La clémence et la grâce de Dieu par rapport à toutes les créatures y compris les corps inertes sont les raisons qui justifient leur existence comme dit à l’imam Sadiq (as), seule la munificence et la grâce de Dieu sont à la base de la création du monde.[2] Le but de la création ne présente pas de contradiction avec l’existence des peines et des difficultés car le mal qu’on constate dans le monde est une particularité même de la nature et de la matière dans lesquels règnent l’antagonisme et les interférences. Il n’existe aucun moyen pour déjouer ces calamités, à moins de renoncer à créer le monde. Dans ce cas aussi les autres plus nombreuses que les forces du mal seront privées d’existence et cela ne concorde point avec la sagesse de Dieu.[3]
Par ailleurs, tout mal vise le bien dans un 1er temps et non ce qu’il y a en lui de mauvais. Le soleil dont l’objectif principal est la diffusion de la lumière (un bien) peut devenir un vrai cauchemar pour celui qui reste très longtemps la tête nue exposée au soleil (un mal). Le feu par exemple sert à réchauffer et à protéger du froid et ça c’est bien. Mais si l’homme tombe dans le même feu il brûle et ça ce n’est pas bien et il prévaut sur les effets secondaires considérés comme le mal.[4]
Ce que l’homme considère comme le mal comporte beaucoup d’avantages et d’utilités
1- Le mauvais est l’indice de reconnaissance pour le beau. On ne parlerait pas du beau dans ce monde était beau, personne ne paraitrait beau. Tout comme personne ne paraitrait laid si tout le monde était laid. Sans Mouawiyya on n’aurait pas connu Ali ibn Abou Talib avec toutes ses qualités c’est parce que les gens voient les mauvaises choses et s’en éloignent qu’on remarque certains attrait vers le beau et les efforts entrepris pour l’atteindre. L’engagement pour le beau se traduit par répugnance des gens pour ce qui est laid. Le mal a la particularité qu’il guide l’homme vers le bien. [5]
2- les difficultés et les malheurs ouvrent la voie vers le bonheur, la beauté et celui qui les a créé. Au sein des malheurs fleurissent le bonheur et la félicité. De même, certains, bonheurs et conforts cachent le malheur et des choses désagréables. C’est ainsi que fonctionne le monde. Il est écrit dans le coran : « Dieu introduit le jour au sein de la nuit et la nuit au sein du jour »[6] Un adage dit : « après la pluie vient le beau temps » dans le cas des perses ils disent la fin des ténèbres de la nuit annonce la clarté ». Cela explique la concomitance inéluctable entre l’endurance face aux difficultés et l’aspiration au bonheur. Un peu comme si la clarté nait de l’obscurité, tout comme les lueurs blanches produisent aussi l’obscurité dans les conditions de perdition.[7]
Le philosophe allemand Hegel affirme que le conflit et le mal sont des choses négatives qui ne relèvent pas de l’illusion, mais elles sont bien réelles et constitue intelligemment le bien et l’accomplissement. Le progrès, dit-il, est régi par l’antagonisme. Les attributs et les qualités s’accomplissent au sein des difficultés et des conflits à travers les difficultés, l’engagement et la nécessité. La difficulté est quelque chose tout à fait rationnelle et parait comme un signe pour la vie et un stimulant pour les réformes.[8]
Dans une lettre à Ousmane ibn Hanif le gouverneur de Basra l’imam Ali (as) écrit : « chercher à vivre dans le confort , l’aisance et loin de toute difficulté affaiblit et rend pauvre. De l’autre côté vivre dans les conditions très difficiles découragent l’homme, le rend leste… »[9]
Les mauvaises créatures jouent un rôle dans l’accomplissement, la perfection, la motivation et l’aspiration au progrès. Sans concurrence et adversité on ne peut pas parler de compétition et de performance. Sans guerre et lutte, la civilisation ne peut être instantanée. Le monde est une scène d’accomplissement, d’échelonnement, de mouvement de l’imperfection vers la perfection, de la capacité aux actes. Le dynamisme et la tendance à l’excellence sont des choses qui ne vont pas sans susciter les contradictions et les chocs. Elles sont désignées comme mauvaises mais elles offrent beaucoup d’utilité. Le mal est désigné ainsi juste parce qu’on considère seulement un seul aspect de son existence par rapport à une chose. Mais pris globalement on réalise qu’il est plutôt bien et profitable en soit. [10]
3- Malheur a ceci d’édifiant qu’il éduque l’homme et réveille la société ; le malheur et les difficultés poussent à la prise de conscience et renforcent la volonté. Tel l’effet d’un instrument de polissage sur le fer, les difficultés consolident encore mieux l’homme et rend plus engagé et résolu. La vie a ceci de particulier que c’est grâce aux difficultés qu’elle a vraiment un sens. La difficulté est comme une alchimie spéciale qui vient transformer la nature et la vie de l’homme. La vie est composée de deux substances : l’amour et la peine. Les deux produisent des merveilles. Des pierres précieuses naissent des épreuves et des situations désagréables.
4- les malheurs et les bénédictions sont relatifs. Le malheureusement devient une bénédiction si l’on sait bien tirer profit de cette situation. Les malheurs laissent des traces de perfection. Si l’homme préfère plutôt la fuite à l’endurance, les difficultés se transformeront en vrais calvaires pour lui.
Les bénédictions du monde au même titre que les peines peuvent être source de bonheur et de confort, tout comme elles peuvent amener les souffrances. Ni la misère, ni la calamité ne s’assimile au malheur absolu, ni la richesse et les avantages ne sont pas synonymes de bonheur absolu. Certaines misères sont plutôt édifiantes, tout comme certaines richesses peuvent s’ériger en malheur la bénédiction et la peine dépendent de la réaction de l’homme. Deux personnes peuvent réagir différemment face à une situation qui sera une bénédiction pour l’une et un calvaire pour l’autre. C’est pour cela que nous disons que le bonheur et le malheur sont des choses relatives.[11]
La philosophie de l’existence des calamités dans la vie des imams et des saints
1- Dieu a prévu deux programmes d’édification et d’éducation de l’âme des hommes : un programme législatif et l’autre dans l’être de l’homme. Il a inséré les épreuves et les difficultés dans chaque programme consistent à placer les difficultés et les épreuves sur le chemin de l’homme. Le jeûne, le Hajj, le jihad, l’aumône, la prière sont des difficultés engendrées par le devoir. La patience et l’endurance dans leur exécution éduquent l’âme et performe les grandes potentialités que l’homme a en lui. La faim, la peur, les dégâts matériels et les pertes de vie sont des difficultés placées dans la nature de l’homme et font absolument partie de son quotidien. Les prophètes et les guides sont comme les autres être humains parce qu’ils vivent dans ce monde de la matière. Ils ne peuvent donc pas être exclus des lois qui régissent la matière et mener une vie sans peine ni souffrance. Si la philosophie des souffrances vise l’accomplissement et la perfection de l’âme, les prophètes et les saints doivent le plus haut niveau de perfection de l’âme. C’est pour cette raison que Dieu soumet à plus d’épreuves es serviteurs en qui il a plus de considération ;
La célèbre phrase : « le calvaire pour les proches »[12] Il est écrit dans un hadith de l’imam Baqir (as) : « Dieu veille sur son serviteur croyant et lui offre des épreuves comme un homme de retour du voyage offre des cadeau à sa famille »[13] L’imam Sadiq (as) dit aussi: « Quand Dieu aime son serviteur, il le noie dans la mer des problèmes »[14]
Sa’d ibn Tarif dit : « Nous étions auprès d’Abou Ja’far l’imam Baqir (as) lorsque Jomeil ibn Azrak entra et se plaint des difficultés et divers calvaires que les chiites traversaient. Il demanda à l’imam pourquoi les choses se passaient ainsi ? Pourquoi les amis de la famille du prophète (ç) doivent essuyer autant de peines dans leur vie ? L’imam Sadiq (as) répondit en citant l’imam Sadjad (as) « Un groupe animé par les mêmes préoccupations était venu voir l’imam Hossein (as) et Abdoullah ibn Abbas pour se plaindre ; l’mam Hossein (as) dit : « je jure par Dieu ! Le malheur, la misère, la pauvreté et l’exécution courent vers nos partisans plus vite que les chameaux ou l’inondation vers lit… S’il n’en est pas ainsi, sachez que vous n’êtes pas des nôtres »[15]
L’imam Sadiq (as) dit : «la plupart des malheurs touchent d’abord le prophètes, leurs successeurs et leurs suiveurs ensuite »[16]
Les malheurs et les épreuves sont comme le voyage. De la même manière que l’homme apprend à nager au contact des vagues, l’être au prise avec les difficultés se forme et s’accomplit ; et comme Dieu aime voir le croyant s’éduquer et s’accomplir, il le confronte à beaucoup de difficulté afin qu’il devient plus coriace.
2- Il existe un rapport étroit entre l’augmentation des épreuves et la multiplicité des récompenses. L’imam Ali (as) dit d’ailleurs : « la grande récompense vient avec une grande épreuve. Chaque fois que Dieu a de la considération pour un peuple, il le soumet aux épreuves »[17] L’imam Ali (as) dit encore : « le malheur est un moyen pour rappeler l’injuste à l’ordre, une épreuve pour le croyant, pour les prophètes un facteur d’élévation de leur rang et une grâce pour les saints »[18]
Souleymane ibn Khalid rapporte ce hadith de l’imam Sadjad qui dit qu’il y auprès de Dieu un rang auquel le croyant ne peut accéder que 2 façons : soit tous ses biens disparaissent, les épreuves corporelles.[19]
L’imam Reza (as) dit dans un autre hadith : « la maladie pour un croyant est source de miséricorde et de purification, mais c’est un châtiment et une malédiction pour un mécréant. Le croyant connaitra toujours la maladie afin qu’il ne reste aucune trace de péché dans sa vie »[20]
L’imam Ali (as) présente ainsi dans Nahjul Balagha pourquoi les saints privilégiés de Dieu sont soumis aux épreuves : «si Dieu avait placé sa maison sacrée et les lieux pour les rites du pèlerinage dans un autre milieu de jardin, de palmiers, ou dans des espaces verts et des jardins splendides avec des routes bien tracées, les récompenses auraient été aussi légères, à la dimension de la tranquillité et du confort du site. Dieu éprouve ceux qui l’adorent avec différentes formes d’épreuves et beaucoup de problèmes. Ils les charge ainsi pour les inviter à l’adorer plus et surtout pour nettoyer de leurs âmes des vices comme l’orgueil et la complaisance qu’il remplace avec l’humilité tout en ouvrant vers eux les portes de sa miséricorde et en mettant à leur disposition le moyens de remissions et d’absolution »[21]
C’est pour édifier et éduquer l’âme des saints que Dieu les soumets aux difficultés pour qu’ils atteignent les plus hauts niveaux de la perfection.[22]
4- Un autre point qu’on doit retenir sur la philosophie des épreuves dans la vie des saints est qu’ils sont les modèles et les exemples pour les autres et leur statut ne peut vraiment refléter leur position que s’ils représentent vraiment des modes dans toutes leurs dimensions. Comment peuvent-ils être des modèles parfaits s’ils ne connaissent ni peines ni souffrance ?
[1]- Al iktisâd al Hadi, Sheikh Tousi, page 31
[2]- les réponses 1052 (site 1268), 9547 (site 9531), 3984 (site 4281)
[3]- Traduction persane de Bidaya al ma’aref ilâhiya, Mortadha Motaqui Nejad, vol 1, page 154
[4]- Al Ilahiyât li shafâ, Abou Ali Sian, page 117-119
[5]- Adl ilahi, Shahid Mortadha Motahari, page 164-166
[6]- Sourate Hajj: 61
[7]- Adl ilahi, Shahid Mortadha Motahari, page 173-174
[8]- Histoire de la philosophie, traduction persane du docteur Abas Zerbab Khoei, page 249-250
[9]- Nahjul Balagha, letter 45
[10]- Les fondements de la philosophie et la pensée du réalisme, vol 5, page 69, Afsâr arba’a al akliyan vol 7, page 59-95
[11]- id
[12]- id
[13]- Oussoul Kafi, Koleiny, vol 2, page 255
[14]- Farhang sokhanan imam Hossein, Mohammad Dashti, page 145, hadith 91
[15]- id, et akhlaq islami, traduction du 15 ème volume de Behar ul anouar, page 194
[16]- Ousoul Kafi, vol 2, bab Shiddat ul ibtilâ, vol 1,
[17]- Gourar ul hikam, Abdou Wahid ibn Mohammad Tamimi Amadi, vol 2
[18] - Mostadrak Wasa’il, vol 2, page 438
[19]- Ousoul Kafi, Koleiny, vol 2, bab shiddat ul ibtilâ, hadith 23
[20]- Behar ul anouar Allamah Majelisi, vol 8, page 183
[21]- Nahjul Balagha, page 389-391, discours 192
[22]- lire les questions 288 (site 434) 9547 (site 9531) 169 (site 1244) 10087 (site 10067)