Please Wait
6802
Pour que la réponse s’accorde à sa question dans laquelle elle représente deux personnalités anciennes : un Oumar ibn Khatab et un contemporain Selah Dine Ayoudi nous allons évoquer les luttes menées par un ancien et un contemporain parmi les chiites. Parmi les grands efforts de combat et de lutte à l’époque du prophète ont été consentis par l’imam Ali. Qui a oublié le célèbre slogan « point de jeune brave comme Ali et point d’épée efficace si ce n’est Zoul Fiqâr ». Lors de la bataille de Khandak, le jour où le prophète affirma que « l’ensemble de l’islam et la foi sont confrontés à l’ensemble du culte des idoles »[1], l’imam Ali a prouvé sa dévotion en tuant Amr ibn Abdou Wad le redoutable guerrier Arabe. Le prophète dit après le dénouement : «Le combat d’Ali face à Amr ibn Abdou Wad le jour de Khandak est meilleur que l’adoration de Thaqaleyn où les actes de ma communauté jusqu’au jour du jugement ».[2] Comme vous le constatez une seule prouesse de l’imam Ali pour défendre l’islam est au dessus de tous les actes de la communauté jusqu’au jour du jugement. Les conquêtes des califes et leurs suiveurs sont incontestables. Le prophète dit à propos d’Ali lors de la conquête de Kheibar : « il fonce et ne recule pas». Or les deux personnes qui l’avaient précédé dans cette offensive avaient déserté. En dehors du combat qu’il a livré contre les mécréants, l’imam Ali a aussi combattu ceux qui avaient rompu l’allégeance, les tyrans et les rebelles. Trois groupes mentionnés dans les propos du prophète.
Ceci était un exemple parmi les imams chiites. A propos des chiites eux-mêmes, nous rappelons qu’ils ont participé à presque toutes les conquêtes. Les Yéménites de différentes tribus comme les Hamdan, les Kinda étaient tous les suiveurs d'Ali (as). C'est pourquoi un groupe avait émigré du Yémen vers l'Irak pour participer aux conquêtes islamiques. Abou Ayoub Ansari le conquérant de la Syrie est un chiite engagé de l'imam Ali (as). Sa tombe à Istanbul est connue de tous. Mohammad ibn Aboubakr le fils spirituel de l'imam Ali (as) a été assassiné en Egypte où l'imam l'avait dépêché pour propager l'islam. Malik Ibn Ashtar fut désigné après lui pour poursuivre sa mission mais il fut empoisonné à mi-chemin par les agents de Mouawiyya. Sa tombe est aujourd'hui un mausolée. Le fossé entre les sunnites et les chiites n'était pas aussi grand à l'époque des califes qu'aujourd'hui. Les gens appartenant aux différentes tendances islamiques participaient tous aux conquêtes. C'est ce qu'on pouvait dire sur les anciens.
Quand aux contemporains, sachant que justes que les Etats chiites ont très souvent assuré la protection des frontières, une responsabilité qui incombe à tous les musulmans. Les Hamdanites en Syrie, les Fatimides en Afrique du Nord, les Alaouites en Tabaristan, Deylaman gilân. Les gouvernements chiites en Indes ont un long passé dans la lutte contre le culte des idoles et l'instauration d'un Etat islamique. Akbar Abad fut la capitale du chiisme en Inde. Celui qui tient à en savoir plus sur les combats militaires des chiites peut consulter l'ouvrage " Jihad Chiite" de Madame Samira Moktar Lithî aux éditions Jîl.
La bataille des Safavides avec le Portugal au sud de l'Iran et la guerre des Iraniens contre les Russes et les Britanniques au nord de l'Iran sont des cas palpables du Jihad des chiites contre les mécréants. Le Shah Abbas Safavi reprit avec une armée de chiites engagés le port Banderabbas occupé avant par les Portugais qui l'avaient baptisé "Port Gambroun". Il le rebaptisa "Banderabbas" (port Abbas). On peut également citer le jihad du Shah Nadir avec les Hindous idolâtres comme une victoire du jihad islamique contre le culte des idoles.
Au siècle récent, l'autorité chiite sous la direction de l'Ayatollah Mohammad Taqi Shirazi a purgé l'Irak des Anglais qui l'avaient occupé et grâce au " mouvement Al Shirine " qu'il avait lancé en 1920, il offrit la souveraineté à ce territoire. Les chiites du Liban ont sévèrement touché la machine de guerre israélienne ces dernières années. L'Israël qui pourtant atteignait déjà la capitale Beyrouth a été à plusieurs reprises contraint de reculer face à la détermination de la résistance islamique du Liban. Une défaite que l'ensemble des pays arabes n'a pas pu infliger à Israël. Avec la révolution islamique, les chiites iraniens ont expulsé de l'Iran les puissances coloniales occidentales. Aujourd'hui, le peuple et la nation iranienne détiennent au Proche-Orient et dans le monde le drapeau de la lutte contre l'impérialisme occidental. Certains pays comme le Liban, l'Irak, la Palestine, le Soudan… se sont inspirés du model iranien.
Nous avons sommairement énuméré quelques victoires militaires des chiites dans le jihad. En réalité, l'auteur de cette question croit que le jihad en islam se limite seulement sur le front militaire, oubliant la grandeur intellectuelle et culturelle du jihad. Sans le jihad par la plume et la culture, les soldats loyaux du passé n'auraient pas fait leur preuve au front. Les imams infaillibles rapportent du prophète (ç) : " trois choses brisent les voiles et parviennent vers Dieu : le bruit de la plume du savant, les bruits de bottes des soldats, le bruit de filage des femmes pieuses."[3]Il dit également : " le plus grand jihad consiste à dire la vérité face à un tyran "[4]Les guides chiites sont assassinés parce qu'ils disaient toujours la vérité face aux tyrans. Contrairement à d'autres guides qui se soumettaient aux califes Omeyades et Abbasides avec qui ils collaboraient, sauf un infime nombre sur qui on ne peut compter.
Certains pensent que e jihad n'est qu'une affaire de lutte armée. Pourtant l'histoire témoigne le contraire. Les savants chiites ont été assassinés par les tyrans tout simplement parce qu'ils s'efforçaient à répandre le vrai islam mohammadien à travers le jihad culturel. On les tuait soit avec l'épée, soit par la pendaison ou par incinération.[5]Les savants chiites et sunnites sont presque unanimes que la plupart des sciences islamiques ont été fondées par les imams chiites et leurs disciples. La grande civilisation islamique qui a émergé vers le 2ème et le 5ème siècle hégire n'est rien d'autre que le fruit des efforts intellectuels des imams chiites et leurs disciples. La grammaire arabe est l'une des sciences fondée par les imams infaillibles de la famille du prophète (ç). L'imam Ali (as) est celui qui a fixé les règles de base de cette science afin de permettre aux musulmans de lire correctement le saint Coran et les autres textes écrits en arabe. Il laissa à son disciple Abou Aswad Doueli le soin de se pencher en détail sur les autres règles de grammaires. Ce qui lui permit de placer les signes sur les mots du coran. Un siècle plus tard, un autre chiite d'Ali (as) nommé Khalil Ibn Ahmad vint fonder d'autres sciences et compléter la position des signes grammaticaux dans le coran sous la forme que nous avons aujourd'hui. Depuis les premiers temps de l'islam jusqu'à nos jours, les musulmans chiites comme sunnites arrivent à lire correctement le saint coran grâce au travail de placement des signes accomplis par les chiites et les disciples d'Ali Ibn Abou Talib (as). Dans tous les cas, les chiites ont rayonné et avec le jihad de la plume, ils ont présenté au monde l'authenticité de la pensée islamique mohammadienne à travers les enseignements des Ahl-ul-bayt (as), l'âme vivante du coran.[6] En plus si on évalue la notoriété des leaders par l'étendue géographique de leur règne, les deux premiers califes devanceraient donc le prophète (ç) car la puissance acquise par l'islam à l'époque du prophète (ç) ne représente rien par rapport au pouvoir assis par les deux premiers califes. Si l'étendue géographique du pouvoir est vraiment le critère, le soleil de l'islam a plus que jamais rayonné à l'époque d'Harouna Rachid. Donc Harouna Rachid serait au dessus du prophète et des deux califes. Le point le plus flagrant est que l'islam ne doit pas son extension à ces deux califes, mais plutôt à l'effet des enseignements de l'islam sur les âmes qui en avaient déjà assez de l'oppression de leurs dirigeants. Le cri du "Point de divinité à part Dieu", le cri de "justice et d'égalité entre les hommes" attirait déjà les nations vers l'islam. Ne négligeons pas aussi le rôle de la culture du jihad et du martyr prônée par l'islam. Les divergences et la division pendant le règne de l'imam Ali (as) découlent directement de la manière dont les califes précédents avaient géré les choses. Plus particulièrement lors du règne du troisième calife (Ousmane ibn Affan). La justice et l'égalité avaient viré au népotisme et au favoritisme. L'imam voulait redresser la communauté rongée par le culte du matérialisme pour l'orienter vers les valeurs prônées à l'époque du prophète (ç). Les matérialistes n'ont pas digéré ce changement et ont alors engagé tous les biens matériels et financiers qu'ils avaient thésaurisés avant pour allumer les flammes de la guerre contre Ali (as). Mais appuyés par les préceptes coraniques et les recommandations du noble prophète (ç), l'imam Ali (as) les a combattus.[7]
Les divergences n'ont pas été causées par le règne d'Ali (as) mais par la mauvaise éducation que les guides précédents avaient inculquée dans les esprits devenus particulièrement réfractaire à l'instauration de la justice divine.[8]
[1] - Kashf ul ghuma, vol 1, page 205 ; Yanabi ul mawadda, page 91 – 95 ; I'lam ul wida, page 194, sharh ul nahjul balagha d'ibn Abi Hadid, vol 13, page 261, 285 et vol 19, page 61 ; Majma"oul bayane de Tabrisi, vol 8, page 343
[2] - Moustadrak Hakim, vol 2, page 32 ; Manaqib kharazmi, page 58 ; sharh ul mawaqib, vol 8, page 371, Fara'ed mousatine, vol 1, page 14 ; Tafsir kabir de Fakhru Razi, vol 32, page 31 ; Shar ul maqasib, Taftazani, vol 5, page 298 : Majma'oul bayane, vol 8, page 343
[3] - Ashahab fi hokm wa adab, page 22, cité par Tabari ; réponse d'un jeune chiite, page 134
[4] - Awaali Aali, vol 1, page 432, hadith 131
[5] - Shohada ul fadhila d'Amini cité par Tabari ; réponse d'un jeune chiite, page 135
[6] - Mohammad Tabari, réponse d'un jeune chiite, page 131 - 135
[7] - Sahih ibn Habban, vol 15, page 285, hadith 6937 ; Moustadrak Hakim, vol 1 page 122 ; Mousnad Ahmad, vol 17, page 360, had 11258, cité par Tabari Mohammad, réponse d'un jeune chiite, page 106 - 107
[8] - Mohammad Tabari, réponse à un jeune chiite, page 105 - 107