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Dans des sources crédibles de hadith chiites, il n’existe pas un hadith relaté du noble prophète, que Dieu le bénisse, lui et les siens, disant qu’il est recommandé de jeûner au jour d’Achoura. Mais, i l y a des hadiths portant sur la biographie du vénéré prophète selon lesquels, il observait le jeûne au jour d’Achoura. A titre d’exemple, il existe un hadith relaté du vénéré Imam Ridha (béni soit-il), qui dit : « Le Messager de Dieu(SAW), jeûnait au jour d’Achoura. De toute évidence, l’on ne peut pas s’appuyer des hadiths de ce genre pour dire que le prophète (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants), considérait comme un acte recommandé le fait de jeûner au jour d’Achoura. Car certains de ces hadiths sont faibles au niveau de documents et de preuves. Ces hadiths portent sur l’action du prophète, mais il n’y pas précisé qu’il est recommandé de jeûner au jour d’Achoura. Il est vrai que, depuis le vénéré Moïse (béni soit-il), jusqu’au l’avènement à la prophétie du vénéré Mohammad (que Dieu le bénisse, lui et les siens), et depuis l’avènement à la prophétie jusqu’à la nécessite du jeûne du mois bénis de Ramadan, l’Achoura fut, vénéré et considéré comme l’un de jours de Dieu. Mais, après l’évènement d’Achoura et le fait que les Omeyyades en abusèrent, la donne changea. Divers hadiths furent rapportés à ce propos, certains d’entre portèrent sur l’Istihbab (action recommandée), certains sur la répugnance et certains autres sur le respect. Se trouvant face à une telle situation, l’on n’a d’autre choix que d’additionner les hadiths. En passant en revue ces hadiths, nous nous rendons compte que le jeûne du jour d’Achoura se situe dans un état d’hésitation entre le respect et la répugnance et il n’y ait lieu d’aucune possibilité pour l’Istihbab. Autrement dit, si le jeûne de ce jour vise à l’animosité, c’est une mauvaise invention et donc, illicite. S’il vise au bonheur, c’est une incroyance, une mécréance, et donc, la sortie de la religion. S’il vise à la vertu absolue, il est blâmable et sa récompense est incomplète, parce qu’il ressemble à l’action des Bani
Omeyyades.
Cette question se compose de deux parties qui devront être examinées, séparément :
1. En ce qui concerne, l’existence du jeûne observé par le prophète (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants), il n’y a pas, dans les sources crédibles de hadith chiites, un hadith du même contenu précisant que le prophète (SAW), dit qu’il fut recommandé de jeûner le jour d’Achoura. Mais, il y a des hadiths sur la biographie et la vie du prophète selon lesquels le Messager de Dieu(SAW), observait le jeûne au jour d’Achoura. A titre d’exemple, il y a un hadith du vénéré Imam Ridha, que la paix et la bénédiction de Dieu soient sur lui, qui dit : « Le Messager de Dieu(SAW), jeûnait au jour d’Achoura ». 1[1] Et selon certains hadiths, le vénéré Imam Ali (béni soit-il), dit : « Jeûnez les 9 et 10 du mois de Muharram, cela sera l’expiation de vos péchés d’un an ». 2[2] Ceci dit, l’on ne peut pas trouver, dans les sources de hadith chiites, un hadith précisant que le prophète considéré comme un acte recommandé le fait de jeûner au jour d’Achoura. Certains hadiths, énoncés, sont faibles au niveau de documents et de preuves. En outre, ils témoignent de l’acte du prophète. Nous n’avons pas trouvé une parole explicite du noble prophète comme quoi il a recommandé d’observer le jeûne au jour d’Achoura. Ce, alors que des hadiths relatés par des Sunnites sur ce sujet sont abondants. 3 [3]
2. Le décret concernant le jeûne au jour d’Achoura :
A en juger par ce qui est rapporté dans les livres des Sunnites et des Chiites 4[4], depuis le vénéré Moïse ( béni soit-il) jusqu’à l’avènement à la prophétie du vénéré Muhammad ( que Dieu le bénisse, lui et les siens) et ensuite dans la période comprise entre l’avènement à la prophétie et la nécessité d’observer le jeûne pendant le mois béni de Ramadan, l’Achoura fut vénéré et considéré comme l’un des jours de Dieu. Mais, après l’évènement d’Achoura, les Bani Omeyades abusèrent des hadiths portant sur le jeûne et la commémoration du jour d’Achoura et propagèrent des choses qui furent, en parfaite contradiction avec l’Islam. Ils considèrent que l’assassinat de l’Imam Hussein (béni soit-il) ainsi que les membres de sa famille et ses compagnons étaient ( Que Dieu m’en garde), comme une très bonne action. Ils disaient, donc, qu’il faut fêter ce jour. Donc, ils falsifièrent de nombreux hadiths. 5[5] et tout en falsifiant le soulèvement d’Achoura, ils prétendirent qu’il faut fêter ce jour et y observer le jeûne. 6[6] Le défunt Karajaki, l’un des oulémas chiites du 5ème siècle, dans son Risalat al-Ta’ajjob, fait allusion à ce point et précise que d’aucuns prétendant éprouver l’amour vis-à-vis des gens de la demeure prophétique, fêtent ce jour, sous prétexte du repentir du vénéré Adam, tandis qu’ils ne s’associent pas au chagrin du noble prophète d’avoir perdu son enfant. 7 [7]Cela est quelque chose de tout à fait déviée 8[8] qui s’est infiltrée au sein d’un groupe de Musulmans, et c’est, exactement, ce qui est mentionné dans Ziarah d’Achoura : « Ce jour est considéré par les Omeyades comme un jour de bonheur ». C’est à partir de cette date que le jeûne du jour d’Achoura pouvait se réaliser pour deux raisons :
1- C’est l’un des jours de Dieu, il est obligatoire ou recommandé de jeûner en ce jour.
2- Il faut jeûner, car Yazid a tué Hussein. C’est à partir de ce moment-là que nos Imams Infaillibles firent des révélations pour exhorter les gens à ne pas observer le jeûne au jour d’Achoura. A titre d’exemple, un hadith est relaté des vénérés Imam Baqer et Imam Sadiq (bénis soient-ils), qui dirent : « l’on ne jeûne pas au jour d’Achoura. » 9[9] Ceci étant dit, il y a divers hadiths sur le sujet. Certains hadiths témoignent de l’Istihbab (acte recommandé), certains autres indiquent que le jeûne d’Achoura expie les péchés de l’année écoulée, certains indiquent que le Messager de Dieu observait le jeûne au jour d’Achoura, certains autres hadiths témoignent de la répugnance pour le jeûne du jour d’Achoura. A titre d’exemple, selon une Riwayat, le jeûne de ce jour est la tradition de la famille Ziad et d’Ibn Marjanah. 10 [10]Compte du fait qu’il existe divers hadiths sur ce sujet qui se contredisent, l’unique choix qui nous reste, consisté à les additionner, c'est-à-dire :
1- Le jeûne vise, soit au bonheur et à la liesse en ce jour, soit, au rapprochement avec Dieu. Les hadiths qui interdisent le jeûne en ce jour, portent sur le premier cas, et les hadiths qui considèrent le jeûne de ce jour comme un acte recommandé, portent sur le second cas.
2- Les hadiths témoignant sur l’autorisation de jeûne en ce jour, auraient été abrogés. Autrement, le jeûne du jour d’Achoura, obligatoire, dans un premier temps, fut, ensuite, abrogé. Au premier an de l’hégire, le jeûne du jour d’Achoura fut devenu obligatoire et il fut abrogé, en l’an 2 de l’hégire avec la venue du mois de Ramadan. 11[11]
3- Les hadiths témoignant du jeune de ce jour pourraient relever de la Taqiyya (la dissimulation de la foi) de l’Imam (béni soit-il).
4- Le défunt Ab ul-Fazl Tehrani estime que jeûne d’Achoura se situe entre l’incroyance et la répugnance et il n’y a lieu d’aucune probabilité d’Istihbab pour ce jeûne dans l’école des gens de la demeure prophétique ni dans le Fiqh (jurisprudence islamique), de la famille de Mohammad (que le salut de Dieu soit sur lui et sur ses descendants). 12[12]
Cela veut dire, si le jeûne de ce jour vise à l’animosité, c’est une mauvaise invention et donc, illicite. S’il vise au bonheur, c’est une incroyance, une mécréance, et donc, la sortie de la religion. S’il vise à la vertu absolue, il est blâmable et sa récompense est incomplète, parce qu’il ressemble à l’action des Bani Omeyyades. 13[13] C’est pour cette raison que les jurisconsultes islamiques contemporains ont donné la Fitwa (décret religieux), considérant comme un acte répugnant le fait de jeûner au jour d’Achoura. Certains ont dit qu’il est recommandé de s’abstenir de manger et de boire jusqu’à l’après-midi du jour d’Achoura sans formuler l’intention de jeûner. 14[14]
[1] Al-Istibsar, t.2, p. 134, Tahwib al-Ahkam, t. 4; p. 300, logiciel Jama’a al-Ahadith.
[2] Al-Istibsar, t.2, p. 134.
[3] Misbah al-Munir, p.104, Sunan Darami, t. 2,p.22, Sunan Ibn Majah; t. 1,p. 552, Sahih Bukhari, t. 3, p. 57. Sahih Muslim; t. 3, p. 150.
[4] A titre d’exemple, il y a dix hadiths dans Sahih Bukhari ety environ 30 hadiths dans Sahih Muslim.
[5] RF: Bihar al-Anwar, t. 61, p. 291.
[6] RF : Shifa al-Sudoor, Tehrani, Editions Chape Sangui, p. 259
[7] Karajaki, Al-Ta’ajjob, p. 45.
[8] L’Istihbab ( acte recommandé) du jeûne du jour d’Achoura.
[9] Al-Tahdhib, t. 4, p. 300; Al-Istibsar, t. 2, p. 134, Kafi, t.4, p. 145; Jama”a Ahadith al-Shi’ah, t. 9, p. 477. Ne jeûnez pas au jour d’Achoura.
[10] Toussi; Tahdhib al-Ahkam, t.4, p. 146 .
[11] RF : Kafi, t.4, P. 146.
[12] RF : Shifa al-Sudoor, pp. 383-392.
[13] RF : Hassan Thaqafi Tehrani, Sharh-e Ziarat-e Achoura, p. 420, Editions Had, première publication printemps 2006.
[14] Tozih ul-Masa’el ( Al-Mahshi Lil-Imam Khomeiny), t. 1, p. 968.